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Selon le Vénérable Hénépola Gunaratana (1)
Pourquoi Méditer ? Dans son très beau livre MEDITER AU QUOTIDIEN (Une pratique
simple du bouddhisme) aux éd. Marabout, le Vénérable Hénépola Gunaratana répond ceci :
"Parce que vous êtes un être humain. Et que de ce fait vous êtes l'héritier d'une insatisfaction
inhérente à la nature humaine qui ne vous quitte pas. Vous pouvez la supprimer de votre conscience pendant un temps. Vous pouvez vous distraire pendant des heures, mais elle revient
toujours, et généralement lorsque vous vous y attendez le moins. Tout à coup, comme si elle tombait du ciel, vous vous redressez, vous faites le point, et vous comprenez votre véritable situation
dans la vie.
D'un seul coup, vous prenez conscience que vous consacrez la totalité de votre vie pour vous en sortir tout
juste. Bien sûr, vous sauvez la face. Vous arrivez à joindre les deux bouts, à avoir l'air en forme, vu de l'extérieur. Mais le désespoir, les moments où vous avez l'impression que tout vous
tombe dessus, vous les gardez pour vous-même. C'est un vrai gâchis. Et vous le savez. Mais vous le cachez très bien. En même temps, quelque part, bien en-dessous de la surface,
vous savez qu'il faut qu'existe une autre façon de vivre, une meilleure manière de voir le monde, un moyen de
toucher la vie plus complètement. Et cela vous arrive. Par hasard, de temps en temps. Vous décrochez un bon job. Vous tombez amoureux. Vous marquez des points. Pendant un temps, les choses sont
différentes. La vie revêt une richesse et une clarté qui font s'évanouir les mauvaises passes et la monotonie de la routine. Toute la texture de votre expérience est changée et vous vous dites :
"ça y est. J'ai gagné. Maintenant je vais être heureux." Et puis c'est reparti. Une fois de plus, tout s'évanouit comme la fumée dans les courants d'air. Il ne vous reste qu'un souvenir. Et la
vague connaissance que quelque chose va de travers.
(...) Vous voici de retour dans la vieille réalité. De nouveau, le monde a l'air d'un guêpier, ennuyeux
et insipide. Pour le mieux, ce sont de véritables montagnes russes émotionnelles. Vous passez une grande partie de votre temps en bas de la rampe, gémissant après les sommets.
Alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Vous êtes malade ? Anormal ? Non. Vous êtes simplement humain. Et vous
souffrez de la maladie même dont tous les êtres humains sont affectés. C'est un monstre à l'intérieur de nous tous qui possède de très nombreux aspects : stress chronique, manque de compassion
véritable pour les autres, y compris pour ceux qui nous sont les plus chers, sentiments érodés, torpeur des émotions. De très nombreux aspects, vraiment. Aucun de nous n'en est entièrement
libéré. Nous pouvons le nier. Essayer de le supprimer. Construire une culture entière autour de lui, faisant comme s'il n'était pas là, et nous distraire pour éviter sa présence, avec des buts,
des projets et des honneurs. Mais il ne s'en va jamais. C'est un courant sous-jacent à chaque pensée, à chaque perception. Une petite voix derrière la tête qui n'arrête jamais de dire : " Ce
n'est pas encore cela, c'est insuffisant. Il m'en faut plus. Il faut que ce soit mieux."
Allez à une soirée, écoutez les rires, ces voix légèrement crispées qui rient en surface et pleurent en
dessous. Sentez la tension, la pression. Personne n'est vraiment détendu. On fait semblant. Allez à un match. Observez les supporters. Voyez les accès de colère irrationnels, la frustration
incontrôlée qui s'exprime sous le voile de l'enthousiasme ou de l'esprit d'équipe. Les huées, l'égoïsme sans retenue au nom de la loyauté d'équipe. La boisson, les bagarres. Tous ces gens qui,
désespérément, essaient de relâcher leur tension intérieure. Ce ne sont pas des gens en paix avec eux-mêmes. Observez les informations à la télévision. Ecoutez les paroles des chansons à succès.
Partout, vous trouvez le même thème sous des variantes : jalousie, souffrance, mécontentement et stress."
(1) Le Vénérable Hénépola Gunaratana est moine bouddhiste depuis l'âge de 12 ans. Il vit aux Etats-Unis et parcourt le
monde pour donner des conférences et des enseignements.
Sherab Tendrel